Le Ruisseau du Ronsart


Le Ruisseau du Ronsart


En aval, après le village de Wodecq, le Ruisseau du Tordoir est alimenté par le Ruisseau du Ronsart.


C'est le confluent du Rosne et du Mine. Dès lors, c'est « la fin du Rône » que le texte des Centuries évoque dans le vers suivant :


II.96

Flambeau ardant au ciel sera veu,

Près de la fin et principe du Rosne,

Famine, glaive, tard le secours pourveu,

La Perse tourne envahit Macédoine.


Tout l’art de l’énigme consiste en particulier à  révéler des choses cachées par le moyen d’énoncé étranges et d’associations impossibles sur le plan de la logique rationnelle, mais qui sont destinées à attiser la sagacité du lecteur, s’il est animé par un vrai désir plutôt que par une vaine curiosité.


Aussi s’avère-t-il impossible de se trouver à la fois près de la source et du delta du Rhone, plus de 800 kilomètres séparant son origine, près du Col de la Furka dans les montagnes du Valais Suisse et la Plaine de Camargue, où il rejoint la Mer Méditerrannée.


Pourtant, la solution de ce problème est scandaleusement simple pour n’importe quel habitant des Terres de Débat : le Rosne n’est pas le Rhône, mais provient de l’expression le « Rosne Sart », c’est-à-dire le Sart du Rosne.


Le mot « rosne » ou « rône » provient du terme gaulois « rodena », qui signifie simplement : « cours d’eau » ; c’est donc l’hydronyme le plus courant chez nos ancêtres. Des « rosnes », il s’en trouve partout. Qu'il s'agisse d'un ruisseau ou d'un fleuve, c'est toujours un « rosne ».


Un sart n’est rien d’autre qu’un lieu défriché. Dès lors, le ruisseau dans son entier a pris le nom d’un endroit particulier de sa vallée, à proximité duquel il prend sa source.


C’est de la même manière que le Minebèque a été appelé le Ruisseau du Tordoir, parce qu’un moulin à huile avait été installé sur sa rive.


En agriculture traditionnelle, « sarter » ou « essarter » consistait à brûler les branches des arbres et le sous-bois pour livrer un taillis à la culture durant quatre ou cinq ans, avant de rendre le terrain à la forêt pendant une vingtaine d'années. Le terme apparaît au début du douzième siècle, dans le sens de labourer et défricher une terre, notamment dans le Roman de Renart : « La terre est de novel sartée ».


La Carte de Ferraris montre que, peu après ses deux sources, en sortant du Bois de La Hamaide, le ruisseau traverse le Hameau du Ronsart, qui s’inscrit nettement au creux d’un vallon défriché amputé sur la zone boisée adjacente. Sur la carte topographique de l'Institut Géograpique Nationale, le Ruisseau du Ronsart prend précisément naissance dans une zone défrichée au lieu-dit « Cambron »...


A partir de la Croix Philosophe, en regardant dans la direction du Hameau de la Pierre, on peut suivre, dans le creux de la vallée, tout le cours du Ruisseau du Ronsart, depuis sa source dans le Bois de La Hamaide (actuellement le Bois Lefèbvre, déjà mentionné sur le Plan Popp), au pied de la colline de Morcelle, jusqu’à son confluent avec le Minebèque, c'est-à-dire le Ruisseau du Tordoir, où leur réunion forme une rivière qui sert de principal affluent au Ruisseau d'Ancre, qui a donné son nom au hameau situé sur le versant nord de la vallée, proche du Village d'Ogy.


Ainsi est-il évident que le Site du Blanc Scourchet se trouve à la fois près de la « fin » de ce cours d'eau et de sa source, c'est-à-dire son « principe », le lieu dont ses eaux tirent leur existence. Pour un érudit comme Yves de Lessines, cette subtilité de langage peut se référer au débat philosophique sur la transcendence du principe, que Plotin illustre précisément par l'image d'une source, qui ne tient son orgine de rien d'autre et qui se distingue du fleuve qui en provient.